La mascotte automobile a connu son âge d’or au début du XXe siècle. Sur les premières voitures, ces véritables œuvres d’art symbolisaient le luxe, l’élégance et l’identité des constructeurs ou des propriétaires fortunés. La plus célèbre mascotte est certainement la statuette ” Spirit of Ecstasy “, connue également sous l’appellation commune de ” Flying Lady ” par Charles Robinson Sykes (1875-1950). Et l’un des plus grands noms associés aux mascottes automobiles reste sans aucun doute celui du maître verrier, bijoutier, joaillier et médailleur René Lalique (1860-1945) avec ses sculptures de verre. 10 ans après la fin de la guerre, en 1928, René Lalique créait le bouchon de radiateur ” Victoire ” aussi appelé ” Spirit of the wind ” (l’esprit du vent). Celui-ci était destiné à habiller les capots des plus belles calandres des Années folles…
Lors de ventes aux enchères, ces mascottes automobiles font l’objet de toutes les convoitises des collectionneurs, des admirateurs d’une marque, des amateurs d’art ou des adeptes d’un sculpteur. Ce marché est très actif et présente un éventail de prix très large. L’estimation d’une mascotte automobile repose, comme nous le verrons plus loin dans cet article, sur plusieurs critères : le sculpteur, le sujet, les matières et les dimensions. Notre guide présente l’histoire, les estimations et la cote des mascottes automobiles.
Chez Pastor Maison de Ventes, nos commissaires-priseurs offrent des expertises gratuites et confidentielles pour déterminer l’estimation de ces magnifiques bouchons de radiateur.
La naissance de l’automobile est l’une des révolutions industrielles les plus importantes pour les sociétés contemporaines. Édouard Delamare-Deboutteville et Léon Malandin mettent au point en 1883 la première voiture actionnée par un moteur à explosion. Le brevet d’invention, déposé le 12 février 1884, officialise la naissance de l’automobile moderne. En 1887 Gottlieb Daimler dépose un brevet pour son moteur Daimler à combustion interne à grande vitesse qui marque une étape importante dans le développement des automobiles et des motos. En 1889, une première voiture avec un moteur à combustion interne de 2 cylindres est présentée au kiosque de Panhard et Levassor à l’exposition universelle de Paris. Ce moteur Daimler impressionne les constructeurs Panhard et Levassor ainsi que la firme française Peugeot. Le premier en achètera les droits, le second achètera les moteurs pour équiper ses véhicules.
Cette course à l’innovation automobile se traduit par l’existence de plus de 700 constructeurs au début du XXe siècle. En 1900, Emil Jellinek demande à Paul Daimler et Wilhelm Maybach de concevoir un nouveau modèle de moteur spécifique de 4 cylindres, 5,9 litres et 35 chevaux. Emil Jellinek passe cette commande pour la somme colossale pour l’époque de 550 000 marks or. Il en fait construire 36 à DMG à la seule condition que l’entreprise accepte de leur donner le nom officiel de Mercédès (Mercédès en hommage à sa fille Mercédès Adrienne Ramona Manuela Jellinek, née le 16 septembre 1889 à Vienne). Il reçoit le premier exemplaire durant l’hiver 1900. La voiture de course de 35 ch est dotée d’un centre de gravité bas, d’un moteur léger mais puissant et d’un radiateur en nid d’abeille, développée par l’ingénieur en chef de DMG, Wilhelm Maybach. Elle peut atteindre une vitesse de pointe de 90 km/h. C’est ainsi qu’est née la première Mercedes de l’histoire, la Mercedes 35 CV. Souvent considérée comme la première voiture de course de l’histoire de l’automobile, la Mercedes remporte son premier prix sur circuit en 1901 à Nice. Cette voiture frappe les contemporains par sa ligne audacieuse et son radiateur frontal.
Ce dernier est un moyen pour les constructeurs de se différencier visuellement. Le commanditaire pouvait aménager librement sa carrosserie en fonction de sa bourse. Des firmes spécialisées proposent en effet des catalogues d’aménagement, qui viennent s’ajouter sur le châssis nu. On y retrouve également des porte-bonheurs et les fameuses mascottes automobiles.
Les premières mascottes sont probablement l’œuvre de certains conducteurs souhaitant décorer leur véhicule avec un petit objet fétiche. En réalité, la mascotte est un porte-bonheur qui accompagne et protège les automobilistes sur la route. Ce rôle de protecteur des voyageurs, dévolu dans la religion catholique à Saint-Christophe, s’est transposé à ces petits objets en raison de la dangerosité des voitures à l’époque. Néanmoins, le bouchon de radiateur constitue également une ligne de mire pour le conducteur.
L’histoire des mascottes se décompose en plusieurs périodes de 1905 à 1958. On peut également classer ces dernières en 3 grandes familles que sont les mascottes de marque, les mascottes publicitaires et les mascottes fantaisie.
De 1905 à 1918, les premières mascottes sont en réalité des œuvres d’art qui ont été dérivées sur des bouchons de radiateur. Cela explique qu’il est possible de trouver des exemplaires originaux sur des bases en marbre. Le style de ces dernières est naturaliste, dans des attitudes proches du réel. Néanmoins certains exemplaires peuvent être influencés par le style Art Nouveau. On retrouve notamment des figurations morales et des allégories. En 1915, René Lalique commence à produire ses premières mascottes.
L’âge d’or de la mascotte automobile peut se dater entre 1919 et 1930. L’explosion de l’industrie automobile après-guerre est en partie due au taylorisme et à la production de masse en série qui fit le succès d’Henri Ford aux États Unis. Cette période voit également la sectorisation des marques automobiles qui axent de plus en plus leur production en fonction des besoins. En France, André Citröen et Louis Renault se consacrent à la réalisation de voitures fonctionnelles et bon marché.
Les principales mascottes de cette époque seront des mascottes “fantaisie”. On estime que 7000 sujets différents furent produits dans le monde. Les sujets sont variés et marqués par le style Art Déco : figures de femmes nues et animaux aérodynamiques, actualité, exotisme (notamment l’Égypte après la découverte de la tombe de Toutankhamon en 1922), primitivisme (Croisière Noire Citroën 1924-1925), emblèmes, légendes et allégories.
Les plus belles créations sont distribuées dans les magasins de luxe comme Hermès, Cartier ou Van Cleef & Arpels. On en retrouve également dans les grands magasins parisiens comme la Samaritaine, Le Bazar de l’Hôtel-de-Ville ou les Galeries Lafayette.
Parmi les grands créateurs et fabricants, il faut citer René Lalique, Maxime Le Verrier, Frédéric Bazin, G. Poitvin ou encore le fondeur Susse Frères. La firme Mestre et Blatgé propose à l’époque un catalogue de pièces automobiles dont près de 300 bouchons de radiateur. D’autres firmes comme Etling, Léon Richard ou Bona Fizel diffusent leur production par le biais de catalogues distribués sur demande.
Durant le Salon Automobile, les meilleures créations sont récompensées à l’occasion d’un concours. Certains sculpteurs célèbres ont probablement réalisés à cette époque des mascottes sous un pseudonyme. Une mascotte peut donc être de grande qualité artistique.
Le premier coup d’arrêt à l’industrie automobile est porté par la crise financière de 1929 qui bouleverse le secteur. Les constructeurs sont alors contraints de repenser les modèles et d’abaisser les coûts de production. Les voitures deviennent plus petites et plus aérodynamiques, permettant de réaliser des économies d’énergie sur des moteurs devenus moins puissants. Avec l’allongement des capots, le radiateur se loge de plus en plus derrière une calandre décorative ce qui conduit au déplacement du bouchon de radiateur sous la carrosserie.
Pour remplacer la mascotte, les marques apposent leurs emblèmes sur les calandres. Seuls certains constructeurs poursuivent une gamme de voiture de luxe aux formes plus lourdes jusque vers les années 1935, par exemple la firme Hispano-Suiza. Les mascottes deviennent alors un produit de luxe offerts lors de concours d’élégances automobiles.
Les créations en verre de René Lalique datent de cette période. En effet, la fragilité du matériau indique que ces bouchons n’étaient portés qu’occasionnellement, lors de parades automobiles. Parallèlement, le marché de l’occasion se développe et professionnels et particuliers sont séduits par une production de mascottes à bas coût et de faible qualité. Les fabricants se nomment Frécourt, Ruffony, Bertin, Mic. etc.
En 1939, c’est la fin de la mode des mascottes. Après la Seconde Guerre mondiale, les mascottes sur de nouveaux véhicules deviendront peu fréquentes. Seuls certains fabricants en produisent encore pour certains modèles comme le lion de la 203 et 403 Peugeot ou l’hirondelle pour la Simca.
Le décret de 1958 interdisant tout objets saillants sur l’avant d’une automobile mit un coup d’arrêt définitif à cet art en France.
La mascotte peut se confondre avec un objet de vitrine monté sur un bouchon. Les fixations sur les bouchons de radiateur authentiques doivent être solides. Les tailles varient jusqu’à plus de 20 cm de hauteur. La matière utilisée est particulièrement importante dans la détermination de l’authenticité d’un modèle.
Ainsi, les plus belles mascottes sont en bronze généralement recouvert d’une couche d’argent, de chrome ou de nickel sur une fine couche de cuivre. Néanmoins les exemplaires de qualité inférieure peuvent être en régule, en zamak ou en métal composé, recouverts également des mêmes couches. Ces métaux sont beaucoup moins résistants à la corrosion.
Les surmoulages des modèles populaires existent et une couche épaisse de nickel ou de chrome vient généralement cacher de nombreux défauts de fonderie. Rappelons qu’un surmoulage est toujours plus petit que le modèle original en raison du retrait de matière ayant lieu durant la fonte.
Parmi les mascottes les plus populaires, nous nous permettons tout d’abord de citer quelques auteurs importants.
François Victor dit Frédérick BAZIN : un des grands sculpteur de mascottes. Son modèle le plus célèbre est la « Cigogne » pour la marque Hispano-Suiza d’après un modèle de Guynemer.
Augustine Louis LEJEUNE : on lui doit la célèbre mascotte de « La Plongeuse », souvent copiée.
René LALIQUE : on lui doit des exemplaires iconiques en verre moulé pressé comme sa « Victoire » dit également « Spirit of the Wind » ou sa statuette « Vitesse »
Gustave POITVIN : ce sculpteur gagnait régulièrement les concours du Salon de l’Auto. Il a notamment réalisé la mascotte « Le Vertige de la Vitesse ».
Marius SABINO : Ce sculpteur a réalisé des mascottes en cristal bleu irisé (obtenus par ajout d’arsenic). On lui doit la célèbre « Nymphe ».
Casimir BRAU : il réalise des mascottes populaires de style Art Déco comme son « Aigle enlevant le globe » ou son « Cheval » pour les automobiles Lucien Rosengart.
Joanny Durand : il a réalisé une mascotte « Rien ne sert de courir ».
Maurice GUIRAUD-RIVIÈRE : il a produit une joueuse d’Aulos édité par Etling.
LESSUOR : ce sculpteur a réalisé la Mascotte « l’Olympienne »
Maxime LEVERRIER : bien connu pour ses sculptures art déco, il réalisa des sujets bon marché généralement en métal composé.
On retrouve sur certaines œuvres le cachet de fondeur Contenot & Lelièvre. C’est un signe de grande qualité.
Parmi les autres modèles importants et iconiques, il faut bien évidemment parler de l’emblématique mascotte de Rolls-Royce « Spirit of Ecstasy », une des seules à être encore produite de nos jours. Créée par Charles Sykes, cette mascotte originairement en maillechort argenté est dérivée en diverses tailles et modèles (The Kneeling Lady), mais a été également largement reproduite.
Enfin, il faut évoquer la mascotte « Éléphant » réalisée par le sculpteur Rembrandt Bugatti et éditée par Valsuani pour orner les bouchons des voitures Bugatti. Une statue reprenant celle-ci a été érigée à Molsheim, ville alsacienne où se situe le siège de la marque automobile.
Collectionner les bouchons de radiateur est une passion enrichissante. Accessible à tous les budgets, l’estimation générale d’une mascotte automobile varie entre 10 et 4 000 euros avec quelques exceptions jusqu’à 17 500 euros.
La première catégorie se situe entre 10 et 200 euros d’estimation. Elle comprend une large gamme de mascottes populaires largement diffusées comme le Manneken-Pis belge ou des statuettes de Saint-Christophe, mais également des copies, et des mascottes de moindre qualité. Les œuvres qui ne sont pas signées sont généralement moins prisées que les exemplaires mentionnant le nom d’un sculpteur. Par exemple, les mascottes Jaguar peuvent se vendre entre 50 et 200 euros. Néanmoins de nombreuses copies existent et les modèles authentiques semblent être ceux qui présentent un numéro d’inscription sous le poitrail. On retrouve de nombreux animaux aux lignes simples. Pour 100 à 600 euros d’estimation, il est également possible d’acheter une mascotte réalisée par Max Le Verrier.
Entre 200 et 900 euros d’estimation, le collectionneur aura accès à un grand nombre de mascottes automobiles signées, de style Art Déco et de bonne facture. Cela comprend des statuettes d’indiens, d’égyptiennes, de nus féminins et de sujets animaliers. La mascotte Old Bill de Bruce Bairnsfather se vend autour des 300 euros aux enchères. Une mascotte figurant une danseuse égyptienne attribuée à Alonzo a été vendue récemment pour 400 euros. Une statuette d’Émile MARTIN figurant Pégase a été adjugée pour 900 euros.
À partir des 1000 euros d’estimation pour les mascottes automobiles, le choix se concentre sur les sculpteurs de grands noms et les modèles célèbres. Passons en revue certains modèles célèbres évoqués plus haut.
L’estimation d’une cigogne authentique de F. BAZIN pour Hispano-Suiza varie de 800 à 2 000 euros. Attention car plusieurs modèles et de nombreuses copies existent ce qui peut expliquer un prix inférieur aux enchères.
Pour des exemplaires en verre authentiques de René LALIQUE, les estimations varient entre 100 et 8 000 euros. Les modèles récents comme les « mascottes miniatures » peuvent être estimés entre 100 et 300 euros. Les mascottes anciennes d’époque se vendent généralement plus de 1 000 euros. Voir par exemple un faucon vendu 1 100 euros. La tête « Spirit of the Wind », icône de l’Art Déco, s’estime entre 4000 et 8000 euros.
La plupart des œuvres de Gustave POITVIN ont une estimation entre 700 et 3500 euros. Sa sculpture « Le Vertige de la Vitesse » a été adjugée en 2020 pour 1 600 euros.
Les créations de SABINO, notamment sa nymphe, s’estiment entre 100 et 800 euros. Son bouchon de radiateur figurant un Saint-Christophe en bas-relief s’adjuge entre 500 et 800 euros.
L’estimation des œuvres de Casimir BRAU peut atteindre les 3000 euros. À noter toutefois, un résultat récent à 7 000 euros pour son superbe « cheval ».
La mascotte de Rolls-Royce trouve régulièrement preneur entre 300 et 500 euros pour des exemplaires authentiques.
Les exemplaires authentiques de l’éléphant Bugatti peuvent être estimés à plus de 5 000 euros. Néanmoins, des versions s’adjugent à des prix inférieurs. Attention cependant, il n’est pas impossible que certaines pièces soient des reproductions.
Un exemplaire hors-édition en bronze argenté provenant de la prestigieuse collection Schlumpf de Mulhouse a été adjugé pour 8 800 euros. En 2013, un exemplaire authentique portant le cachet de fondeur Valsuani a été adjugé pour 17 500 euros. C’est certainement l’une des mascottes automobiles les plus chères disponible sur le marché.
De nombreuses spécificités existent. Comme évoqué, il existe environ 7 000 sujets différents et il n’est donc pas possible de tout énumérer. Il est recommandé à tous les collectionneurs de s’entourer d’une bonne documentation sur le sujet afin de répertorier les modèles et d’identifier les copies. Le recours à un commissaire-priseur pour vous aider dans l’identification et l’estimation de vos mascottes est particulièrement important.
Vous pensez être en possession d’une mascotte automobile et souhaitez en connaître l’estimation ? Vous vous interrogez sur la valeur de vos objets ou de vos œuvres d’art. Les commissaires-priseurs de Pastor Maison de Ventes sont à votre disposition pour effectuer des estimations gratuites et confidentielles. N’hésitez pas à nous contacter, dans un premier temps via notre formulaire d’estimation. Nous vous répondrons très rapidement.
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