Peintre français du début du XXe siècle, Jules Alfred Hervé-Mathé (1868-1953) s’est illustré par ses paysages lumineux et sa maîtrise des jeux de lumière. Son style, marqué par une touche post-impressionniste et un souci du détail, fait aujourd’hui de ses œuvres des pièces prisées par les collectionneurs et amateurs d’art.
Reconnaissables à leurs scènes bucoliques et à leur palette de couleurs nuancées, les tableaux de Hervé-Mathé varient en valeur selon leur sujet, leur taille et leur provenance. Si vous possédez une de ses œuvres, il peut être intéressant d’en connaître l’estimation actuelle.
Fils d’un maréchal-ferrant, Jules Alfred Hervé naît à Saint-Calais dans le Maine en 1868. Passionné par la nature, il passe une enfance heureuse à courir dans les campagnes environnantes qu’il se met alors à dessiner. Malheureusement son père meurt en 1881 et il doit alors déménager avec sa mère pour rejoindre une partie de sa famille maternelle à Langres, une ville située entre Dijon et Nancy. Débutant sa carrière comme dessinateur militaire, il poursuit en parallèle des cours de dessin où son professeur l’encourage à préparer le concours de professorat en dessin des collèges et lycées.
Durant cette période de préparation, il se met à la peinture à l’huile en 1887, fait de nombreux séjours à Paris où il fréquente l’Académie Julian : il y suit les enseignements des peintres Jean-Paul Laurens et Benjamin Constant. Diplômé durant l’Exposition Universelle de Paris en 1889, il est nommé professeur de dessins à Épinal en 1891 après son service militaire. Préparant son diplôme de second cycle afin d’enseigner dans les lycées, il commence à développer une vie mondaine et locale, en prenant le soin de peindre la région boisée environnante et de poursuivre ses fréquents séjours à Paris durant les vacances scolaires. Séjours où il suit les cours d’Albert Maignan et de Baschet et se plaît à apprécier le travail encore dénigré des impressionnistes. Il expose à Langres, Épinal et Nancy, se familiarise avec les membres de la nouvelle école menée par Louis Majorelle et Émile Gallé et se met à défendre la création d’une école d’arts décoratifs à Épinal.
Sa carrière prend un tournant lorsque le Ministre lui offre l’opportunité d’une nomination au Mans à un poste supérieur en 1899 avec pour but de développer l’École de dessins du Mans. Il n’aura de cesse pendant 35 ans de développer celle-ci et la fera évoluer de simple école de Dessins à une école d’Arts Appliqués permettant un renouveau des talents en terres mancelles.
Au début du XXe siècle, il commence à envoyer des œuvres au Salon d’Automne et s’installe avec sa nouvelle épouse Berthe Mathé dans l’hôtel de Vaux, aujourd’hui classé monument historique. Cette dernière décédera néanmoins en 1912 d’une tuberculose au bout d’une longue agonie de 7 années.
Après un séjour dans les Alpes en 1912, la guerre éclate et Jules Alfred Hervé-Mathé, trop vieux pour être recruté, propose ses services en créant un corps de brancardiers, en proposant des cours pour les femmes et des cours de vanneries pour la réinsertion des mutilés de guerre avant de se proposer comme peintre de guerre : il livrera une série de croquis saisissants par leur horrible réalité.
Après la guerre, il se marie avec Gilberte Barbet, une ancienne élève devenue aquarelliste et partage l’hôtel de Vaux avec son ancienne belle-mère réfractaire à un second mariage.
Attaché au Mans, il va cependant très régulièrement à Paris. En 1921 naît de cette union Juliane qu’il commence à peindre régulièrement. Son école des Arts Appliqués reçoit le Grand Prix de l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels modernes en 1925.
Il fréquente et peint de jour comme de nuit les courses au circuit des 24h du Mans pour lesquelles il partage une passion avec ses beaux-frères. Cumulant les médailles et les distinctions, la carrière de Hervé-Mathé est florissante et le peintre en profite pour voyager à de multiples endroits avec sa femme et sa fille : Perros-Guirec, Carentec, Ploumenech en Bretagne, Concarneau, Pont-Aven, la Côte d’Azur, Dambach-la-Ville en Alsace, autant d’endroits que le peintre représente à de multiples reprises dans ses peintures sans oublier les communes de sa région : Beaumont-sur-Sarthe, Fresnay, Le Grand Lucé ….
Jules Alfred Hervé Mathé, couronné de succès prend sa retraite de son enseignement au lycée du Mans en 1933 et en 1935 de la direction de l’École d’Arts Appliqués. Il continuera sur son temps libre, à peindre à plein temps et à s’occuper de son jardin, tout en faisant quelques voyages avant d’installer un atelier à Paris en 1940, en pleine période d’occupation.
C’est probablement pour accompagner la carrière artistique de sa fille Juliane qu’il décide de partager sa vie entre Paris et le Mans. Quand les nazis quittent la ville du Mans à la suite du débarquement de Normandie, l’explosion du pont d’Yssoire endommage l’hôtel de Vaux et le peintre obtient l’aide d’anciens élèves pour réparer les dégâts.
Sa fille, diplômée professeur de dessin de la Ville de Paris en 1945, lui apporte une profonde satisfaction quant à son avenir. Soulagée pour la carrière de cette dernière, il continue tranquillement sa vie en peignant de petits formats. Il décède en 1953 à la suite d’une probable insolation, alors qu’il peignait un tableau de sa fenêtre ensoleillée.
La datation d’une peinture de Jules Alfred Hervé Mathé tient compte de plusieurs critères :
Le sujet représenté peut être attribué à une période de production en fonction des différents voyages connus et référencés de l’artiste. Il est possible que l’artiste ait également produit des séries permettant de rattacher l’œuvre à une date de production précise. Sa technique, lisse à ses débuts, évolue également vers une touche plus vibrante après la guerre.
Certaines œuvres de Jules Alfred Hervé Mathé sont datées. Il est important d’observer le revers des châssis et des panneaux car ces endroits peuvent porter des inscriptions.
Au début de sa carrière, le peintre signe HERVÉ de son nom jusqu’en 1907, avant de signer JA HERVÉ-MATHÉ avec une lettre M semblable à un E arrondi couché. Avant de basculer sur une graphie plus classique probablement entre 1919 et 1922. Par ailleurs, il utilise un cachet imitant son ancienne signature ce qui peut compliquer une éventuelle datation.
Le prix d’une peinture est généralement fonction de la côte de l’artiste, de la technique utilisée, de l’historique de l’œuvre (expositions ou salons) et du sujet représenté.
Les aquarelles peintes par Jules Alfred Hervé-Mathé s’estiment pour des sujets classiques entre 150€ et 300€. Ce sont avant tout des paysages, des bords de cours d’eau et autres vues de villages.
Les aquarelles plus originales comme les représentations des courses du 24h du Mans sont plus rares. Il faut compter entre 300 et 500€ en adjudication avec peut être une très bonne surprise.
L’amateur de peinture devra débourser entre 300€ et 1500€ pour une huile sur toile, selon l’intérêt du sujet et la période de production de l’œuvre.
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