Les créations en terre cuite sont très anciennes et remontent à la préhistoire. Avec le temps, les procédés de fabrication se sont perfectionnés et les terres cuites furent recouvertes de glaçures plus ou moins complexes.
Il est possible de trouver une diversité infinie de terres cuites à travers les âges. Elles constituent généralement le premier témoignage des civilisations passées et sont des supports artistiques de choix.
L’estimation d’une terre cuite repose sur plusieurs critères : l’artiste ou le lieu de production, les dimensions, le décor, la provenance et l’état.
Chez Pastor Maison de Ventes (Pastor MDV), nos commissaires-priseurs offrent des expertises gratuites et confidentielles pour déterminer l’estimation de votre terre cuite ou céramique.
L’usage du mot terre cuite peut prêter à confusion. Il désigne en fait deux réalités distinctes : ce terme fait référence au domaine de la céramique mais il peut également englober les sculptures d’artiste, réalisées à l’aide de ce matériau. Nous vous proposons un tableau des termes utilisés en céramique afin d’avoir une vision plus générale.
Céramique | Issu du grec « keramos » qui signifie argile, c’est le terme le plus général employé pour désigner l’ensemble des objets composés en argile et ayant subi une phase de cuisson. |
Terre cuite | Improprement utilisé de façon générale, le mot terre cuite désigne en réalité une céramique primaire constituée d’un mélange d’argile et d’eau (et d’autres éléments comme du sable). Elles sont cuites à basse température. Elles ne sont par conséquent pas imperméables et peuvent être recouvertes d’une glaçure dans ce but. On parle abusivement de « terres cuites vernissées » dans ce cas. |
Engobe | C’est un mince revêtement (coloré naturellement) composé d’argile et d’eau. Proche de la composition de la céramique, il est appliqué sur celle-ci pour la décorer ou lisser sa surface. |
Glaçure | Afin de rendre la terre cuite imperméable, les potiers utilisent des oxydes vitrifiants comme la silice (sable). Afin d’abaisser le point de fusion de ces oxydes, on utilise des oxydes alcalins comme fondants (soude ou potasse). D’autres oxydes viennent stabiliser le mélange. La glaçure est apposée sur la pièce afin de vitrifier sa surface, de la rendre imperméable ou de la colorer. |
Glaçure plombifère | C’est une glaçure alcaline transparente contenant des composés de plomb, utilisés comme fondant et stabilisateur. Il est possible de colorer ces glaçures avec des oxydes métalliques. Elles sont cuites à basse température autour de 750°C. |
Faïence | C’est une terre cuite recouverte d’un émail stannifère. |
Émail stannifère | C’est une glaçure plombifère contenant de l’oxyde d’étain (cassitérite). La glaçure devient opaque et blanche. La proportion d’étain peut altérer la blancheur, l’épaisseur ou l’éclat de l’émail. |
Faïence fine | C’est une terre cuite de couleur blanche recouverte généralement d’un émail plombifère transparent. |
Grès | Composé d’argiles siliceuses naturelles, le grès se vitifie lors d’une cuisson à haute-température autour de 1280°C. Il peut être recouvert d’une glaçure colorée. |
Porcelaine | Composée principalement de petuntse et de kaolin, (une argile blanche), la porcelaine est cuite autour de 1200-1300°C. Elle devient imperméable durant cette phase de cuisson. Elle est généralement recouverte d’une glaçure incolore. Lorsque la porcelaine cuite est laissée sans glaçure, on parle alors de biscuit de porcelaine. |
Porcelaine tendre | Imitant la porcelaine dure, la porcelaine tendre ne contient pas de kaolin. Elle se compose de fritte (un mélange de composants broyés), de marne et de craie recouverts par une glaçure plombifère transparente. On peut également y trouver de la cendre d’os. |
La céramique est un art que l’on retrouve sur tous les continents, à toutes les époques. Afin de pouvoir préciser l’estimation d’une céramique, il est important de déterminer la date de réalisation et le lieu de production de cette dernière.
Parmi les céramiques antiques collectionnées aujourd’hui, on retrouve principalement les céramiques gréco-romaines, égyptiennes ou étrusques. Les vases grecs de Corinthe ou d’Athènes, à figures noires sur fond rouge puis figures rouges sur fond noir sont particulièrement rares et leurs décors résultent d’une triple cuisson alternant entre cuisson en atmosphère oxydante et cuisson en atmosphère réductrice.
Si les formes sont récurrentes en fonction de l’usage (Lecythe, skyphos, Oenochoé, Cratère), les décors peuvent faire la différence entre un vase estimé à quelques centaines d’euros et un autre à quelques milliers. Un cratère de 43 cm de haut à figures rouges sur fond noir et datant du IVe siècle avant J-C, s’est vendu récemment pour 13 500 euros.
En Égypte, les oushebtis sont des statuettes funéraires en terre cuite, généralement recouvertes d’une glaçure. Leur prix varie autour de quelques centaines à quelques milliers d’euros.
L’estimation d’une céramique antique est assez compliquée. En raison des risques liés au pillage archéologique, il est préférable d’avoir une provenance pour ces pièces.
Durant la période mérovingienne et le Moyen-Âge, la production de céramiques en Europe est essentiellement utilitaire. Les belles céramiques sont produites ailleurs : en Chine et au Moyen-Orient.
Généralement composées de pâte siliceuse et recouvertes de glaçures alcalines, les céramiques islamiques sont également collectionnées dans le monde entier.
Les décors non-figuratifs, représentant des motifs géométriques ou des inscriptions coufiques en brun sur fond blanc que l’on peut retrouver sur des bols de Samarcande ou de Nishapur côtoient les somptueux exemplaires à glaçure bleu turquoise des productions persanes de Kashan. Par exemple, une coupe de Samarcande figurant un oiseau en son centre a été adjugée il y a quelques années pour 2 900 euros.
Au XIVe siècle, le Moyen Orient influencera les productions chinoises du début de la période Ming en raison des relations commerciales entre le Moyen-Orient et la Chine. On retrouve d’ailleurs une importante collection de grands plats chinois d’époque Ming au palais de Topkapi à Istanbul.
De la même manière que pour les céramiques antiques, une bonne provenance permet de décupler l’estimation d’une pièce et de rassurer les acheteurs quant à l’origine licite d’un objet.
Du XVIe au XVIIIe siècle, les céramiques d’Iznik firent la renommée des ateliers ottomans. Elles furent copiées par des artistes du XIXe siècle comme Lachenal ou Théodore Deck.
Sous la prestigieuse dynastie des Tang (618-907), les potiers chinois produisirent des exemplaires de statuettes funéraires appelées Mingqi : destinées à accompagner le mort dans la tombe, elles étaient généralement recouvertes de glaçures dites sancai (trois couleurs). Les exemplaires les plus prestigieux figurent de grands cavaliers sur leur monture, notamment des joueurs de polo.
Probablement apparue sous la dynastie Song (960-1279), la porcelaine était utilisée dans la production des céramiques du four de Ding. Les quatre autres fours classiques de l’époque étaient les fours Ru, Guan, Jun et Ge. Chaque four possède des caractéristiques qui lui sont propres.
Notons que les production des fours Ru constituent les plus rares exemplaires de l’ensemble de la porcelaine chinoise. Produits pendant quelques années et pour la cour impériale seulement, on connaît à ce jour moins de 100 exemplaires dont des fragments. En 2017, un bol Ru a été adjugé pour 38 millions de dollars.
C’est également sous les Song que furent développés les céramiques dites céladon. D’abord produits par les fours de Yue et Yaozhou dans le Nord de la Chine à partir de l’époque Tang, la production des céladons fut ensuite l’apanage des fours de Longquan situés dans le Sud. En effet, suite aux invasions de la dynastie Jin venue du Nord, la cour dut déménager sa capitale dans le Sud de la Chine. La production des céladons de Longquan perdura bien après durant la dynastie Ming.
À partir de la fin de la dynastie Yuan, les porcelaines à décor bleu et blanc se développèrent et connurent plusieurs développements importants. Aux porcelaines « doucai » populaires sous l’empereur Chenghua succédèrent les porcelaines dites wucai (5 couleurs) qui se développèrent fortement à partir de l’empereur Jiajing.
Le XVIe siècle marque le début des premières exportations en masse vers l’occident. Aux porcelaines Kraak de la dynastie des Ming, succédèrent les porcelaines exportées par la Compagnie des Indes au XVIIIe siècle vers des ports comme Bruges.
Sous le règne de Kangxi, les porcelaines de la famille verte eurent un grand succès. À partir de 1722, les porcelaines de la famille rose tendent à supplanter cette précédente mode. Les porcelaines sont émaillées sur la couverte en émaux polychromes.
Sous l’empereur Qianlong (1735-1796), les potiers chercheront à imiter les modèles anciens et les matières. Au XIXe siècle, les productions de Canton inondèrent le vieux continent. Le XXe siècle sera l’occasion pour des artistes de la période Minguo (République) d’exprimer leur art avec talent.
Probablement d’origine islamique, la faïence se développe en Europe en transitant par des centres méridionaux comme l’Italie ou l’Espagne. En Espagne, au XVIe siècle, les faïences hispano-mauresques de Manises et de Valence séduisent par leur lustre métallique orangé.
En Italie, l’émergence des Majoliques dans de nombreux centres accompagne la Renaissance des Arts sur tout le continent. Des centres de production comme Urbino, Faenza, Castel Durante ou Pesaro produisent des albarellos, des pichets et des plats en faïences richement peints. L’estimation aux enchères de cette production est généralement assez élevée car les exemplaires sont très rares et de grande qualité.
Certains ateliers sont connus par les spécialistes comme l’atelier Mancini à Deruta. L’attribution d’une majolique à un artiste permet un prix d’adjudication supérieur à la moyenne. Par exemple, une grande jatte en majolique d’Urbino attribuée à l’atelier des Fontana a été vendue récemment pour 4 000 euros.
La migration d’artistes italiens, dans un premier temps à Lyon, puis à Nevers jette les bases de la faïence sur le territoire français. À Rouen, le potier Masséot Abaquesne se rendra célèbre par une célèbre commande d’environ 2000 pots à pharmacie. L’autre célèbre artisan de cette période se nomme Bernard Palissy. Sa production est très rare et se compose de plats ornés en relief de trompes l’œil animaliers comme des serpents ou des grenouilles. Ces productions furent copiées au XIXe à Tours par plusieurs artistes comme Charles-Jean Avisseau.
Au XVIIe siècle, Nevers et Rouen dominent la production de faïences en France. La mode est alors à l’imitation des porcelaines de Chine, que les européens cherchent à reproduire sans succès. Néanmoins l’autre source d’inspiration est Delft, particulièrement pour les centres du Nord de la France comme Rouen ou Lille.
Le XVIIIe siècle verra l’apogée de la faïence française avec l’émergence de nombreux autres centres de production et la création de plusieurs manufactures par villes. Les centres faïenciers comme Strasbourg, Marseille, Moustiers ou Montpellier essaiment dans toute la France et rivalisent d’ingéniosité pour imiter dans un premier temps les porcelaines allemandes de Meissen.
En effet, le secret de fabrication de la porcelaine a été percé en 1709 par le chimiste allemand Johann Friedrich Böttger, travaillant pour Auguste le Fort, prince électeur de Saxe. Ce dernier fondera la manufacture de Meissen. Avec la découverte du pourpre de Cassius au XVIIe siècle, la manufacture strasbourgeoise de Paul Hannong crée vers 1749 les premières faïences françaises cuites à petit feu. Cette innovation permet l’introduction du rose sur les faïences et l’émergence d’une peinture aux nuances beaucoup plus subtiles.
Le XVIIIe siècle français voit également l’émergence de la porcelaine dure à partir de 1768, date de la découverte d’un gisement de kaolin à St-Yrieix près de Limoges. La manufacture de Vincennes, fondée en 1753, devenu la manufacture royale de Sèvres en 1756 dominera la production européenne jusqu’à la fin du XIXe siècle.
Parallèlement à cette manufacture, de nombreuses autres se développèrent dans son sillage à Paris comme la manufacture de la Reine, la manufacture de Clignancourt, celle de Locré, de Nast, de Dihl et Guerhard ou encore celle de Darte Frères. De nombreuses manufactures continueront à produire durant le XIXe siècle, concurrencées par les manufactures anglaises.
Le département de la Sarthe est particulièrement notable en raison de sa tradition potière. Dès le XVIe siècle, des potiers sculpteurs produiront des Vierges et des Saints en terre cuite qui firent la renommée des ateliers manceaux.
Outre la production de pots en grès ou en terre cuite vernissée utilitaires, les potiers de Ligron comme P.I Guimonneau de la Forterie introduisent un sens artistique nouveau dans leurs pièces.
Ce goût décoratif est repris à la fin du XIXe siècle par le singulier potier Louis Léopold Thuilant.
Au XIXe et au XXe siècle, la tradition potière sarthoise est défendue par l’émergence de plusieurs faïenceries à Malicorne dès la fin du XVIIIe siècle. Les pièces utilitaires de la faïencerie du Plat d’Étain céderont leur place aux pièces décoratives d’inspiration variée de la manufacture Léon Pouplard.
Son ancien ouvrier Émile Tessier ouvre également sa propre manufacture au XXe siècle et produit des faïences blanches, certaines d’entre elles réalisées d’après des sculpteurs. Suivront d’autres succès à Malicorne comme la manufacture de Marc et Roger François, produisant des pièces décorées de style Art Déco.
À la fin du XIXe siècle, les potiers sont fortement influencés par le japonisme et les nouvelles considérations artistiques, issues des idéaux de l’Art&Craft. Le potier ou céramiste prend conscience de sa vocation artistique et assume l’aspect pleinement décoratif de ses créations. Les grands céramistes de la fin du XIXe comme Jean Carriès, Ernest Chaplet, Pierre-Adrien Dalpayrat ou Alexandre Bigot puisent leur inspiration dans les grès flammés chinois du XVIIIe siècle et dans le registre naturaliste issu du japon.
Le développement des Arts Appliqués contribue au XXe siècle à l’émergence d’un grand nombre d’artistes céramistes modernes. Leurs créations sont exposées dans des intérieurs bourgeois et deviennent tout aussi importants qu’un meuble de designer, ce qui explique leur présence dans de nombreuses galeries.
Durant la période Art-Déco, des artistes de renoms comme Charles Catteau, Edouard Cazaux, René Buthaud ou encore André Metthey collaborent avec des grands magasins (Primavera, Le Printemps) ou des artistes pour diffuser leur production. Comme de véritables entrepreneurs, certains artistes n’hésitent pas à déléguer la réalisation de leurs vases, ne se contentant que de dessiner le poncif qui servira au décor du motif.
Dans les années 50, le village de Vallauris devint très célèbre en raison de la colonie d’artistes qui s’y développa suite au passage de Picasso dans l’atelier Madoura de Suzanne Ramé. Aux céramistes Massier, succédèrent des artistes de renom comme Roger Capron, Gilbert Portanier, Jean Derval ou encore l’atelier Les Argonautes. C’est la période où de nombreux artistes s’essaient à la céramique. À Dieulefit, Georges Jouve deviendra l’un des céramistes les plus célèbres du XXe siècle.
Dans les années 70, les vases de Jacques et Dani Ruelland seront particulièrement appréciés des grands décorateurs. Des centres de production au XXe siècle comme La Borne, Le Puisaye ou des céramistes modernes du XXe siècle comme Lucie Rie sont aujourd’hui des références pour les céramistes contemporains encore actifs de nos jours.
Vous êtes en possession d’une terre cuite et souhaitez identifier son auteur et obtenir une estimation de celle-ci ? Les commissaires-priseurs de Pastor Maison de Ventes sont à votre disposition pour effectuer des estimations gratuites et confidentielles.
© Pastor Maison de Ventes aux enchères - Le Mans - 17/04/2025 7h34- Bienvenue