Nées à la fin du XIXe siècle aux Etats-Unis, et distribuées dans des paquets de cigarettes pour fidéliser les acheteurs, les cartes à collectionner de sport sont d’abord de simples objets promotionnels. Les cartes Old Judge (1887-1890) puis plus tard les cartes T206 (1909-1911) de la American Tobacco Company, immortaliseront des joueurs de baseball comme Honus Wagner ou Babe Ruth.
À partir des années 1930, les chewing-gums remplacent le tabac comme support de distribution, élargissant le public cible aux enfants et adolescents. Dans l’après-guerre, la société Topps devient l’acteur incontournable du marché, standardisant les formats et instaurant une nouvelle logique de collection.
Peu à peu, d’autres disciplines s’invitent dans les pochettes, et dans tous les pays : basketball, football américain, hockey, et plus récemment, football, sports mécaniques ou MMA.
Parmi les objets de collection les plus convoités au monde, rares sont ceux à cristalliser autant de fascination que ce simple rectangle de carton : la carte T206 Honus Wagner. Cette carte représente l’ancien joueur Honus Wagner, considéré comme l’un des meilleurs joueurs de baseball de tous les temps.
Cette série est imprimée entre 1909 et 1911 par l’American Tobacco Company dans le cadre d’une série promotionnelle glissée dans ses paquets de cigarettes. À l’époque, rien évidemment ne la destinait à devenir l’objet de spéculation qu’elle est aujourd’hui.
En août 2021, un exemplaire particulièrement bien conservé — noté 3 sur 10 par PSA, un score élevé compte tenu de son âge — s’arrache à plus de 5 millions de dollars aux enchères. Si l’on ajoute les frais de 20% que la maison de ventes Robert Edward Auctions perçoit, le prix de vente officiel s’élève à 6 606 296 dollars.
En Août 2022, alléché certainement par le résultat des enchères à 6 millions de dollars, un vendeur anonyme propose à la vente privée une autre carte T-206 (état SGC 2). Résultats : plus de 7 millions de dollars et un nouveau record !
Pourquoi ces prix ? D’abord à cause de leur rareté : dès 1911, Honus Wagner, légende des Pittsburgh Pirates aurait exigé l’arrêt de la distribution de ses cartes. Les raisons varient selon les sources : réticence à ce que les enfants achètent des paquets de cigarettes pour obtenir son image, différend commercial avec la compagnie, ou simple souci de contrôle sur ses droits. Quoi qu’il en soit, la production est stoppée et moins de 200 cartes sont distribuées à l’époque. Il est donc évident que peu d’exemplaires soient encore en circulation aujourd’hui, et celles que nous connaissons sont dans des états de conservation très variables.
Anecdote : En 1933 déjà, la T206 H.W. était estimée 50$ par « The American Card Catalog », ce qui en faisait à l’époque la carte de baseball la plus chère du monde. »
🚨 BREAKING: Goldin Shatters Record for Most Expensive Trading Card Ever With $7.25 Million Private Sale of Honus Wagner T-206 Card 🚨
— Goldin (@GoldinCo) August 4, 2022
The T-206 Wagner is one of the undisputed pinnacles of trading cards, with fewer than 50 authenticated copies on earth.https://t.co/0UwSHKLSFx pic.twitter.com/bs4WpAJqq9
Dans le monde effervescent des ventes aux enchères de memorabilia sportif, un autre sommet est atteint en 2023 : une carte de Babe Ruth datant de son année de rookie (1914), a été adjugée pour la somme vertigineuse de 7,2 millions de dollars. Cette pièce rarissime, émise à l’époque par un journal local de Baltimore — le Baltimore News — présente un très jeune George Herman « Babe » Ruth, alors lanceur prometteur en ligue mineure des Baltimore Orioles.
Cédé en fin de saison, The Sultan of Swat deviendra la légende des Red Sox de Boston (1914-1919) puis des Yankees de New York (1920-1934). Le « Bambino » est reconnu aujourd’hui comme le plus grand joueur de tous les temps.
Conservée avec soin au sein de la même famille puis par un musée, la carte appartenait à Archibald Davis, un adolescent de 16 ans qui, en 1914, collectionnait religieusement les cartes insérées dans les pages sportives des quotidiens. Il n’existerait dans le monde plus que dix exemplaires de cette carte, ce qui explique la somme payée par le collectionneur privé aux enchères.
L’univers des cartes de sport ne saurait être complet sans évoquer les célèbres albums Panini, créés par les frères italiens Giuseppe et Benito Panini. dont les premières cartes sont parues en 1961. Le tout premier album Panini, centré sur le championnat italien, nécessitait encore que les collectionneurs collent eux-mêmes les cartes avec leur propre colle.
En 1970, grâce à un accord signé avec la FIFA pour la Coupe du monde au Mexique, Panini lance son premier album multilingue avec des vignettes autocollantes à l’effigie des joueurs du championnat. Cet album le plus convoité – avec un exemplaire doublement dédicacé par Pelé – a atteint la somme de 12.000 € sur un site d’enchères en ligne en 2017.
Depuis, l’engouement n’est jamais retombé, en particulier pour les albums des Coupes du Mondes et des championnats d’Europe, la passion se transmettant de génération en génération.
Si Panini affirme que toutes ses cartes sont produites en quantité égale, la rareté perçue – née d’un simple manque d’échanges de certaines cartes dûes à la popularité du joueur ou du club – suffit à faire monter les enchères. Depuis quelques années, Panini propose cependant des cartes uniques, les “one of one” qui suscitent grandement l’intérêt des collectionneurs. En 2023, aux Etats-Unis, un autocollant Panini de Lionel Messi – variante à bordure noire de l’édition Coupe du monde 2022 – a ainsi été vendu pour $139 000 lors d’une vente aux enchères. Ci-dessous une autre carte Panini de Messi, alors jeune joueur au F.C. Barcelone se vend plus de 10 000 €.
A l’image des cartes Pokémon ou de baseball, chaque carte Panini doit être authentifiée, certifiée et numérotée. Elle doit être en parfait état, les coins non cornés, sans tâche ou pliure, et bien sûr n’avoir jamais été collée. La côte des cartes varient selon sa rareté sur le marché et le joueur qu’elle représente. Les cartes mettant en scène de futures idoles du foot, ou d’autres sports, encore méconnues à l’époque de leur parution, sont particulièrement recherchées.
La carte la plus chère Panini revient ainsi à celle représentant Diego Maradona, sa première apparition dans les albums Panini à tout juste 19 ans, adjugée à $555 960.
Aujourd’hui encore, Panini innove en introduisant des éditions ultra-limitées, comme les cartes uniques « one of one » et s’essaye au marché des albums NFT, renouvelant sans cesse l’intérêt des collectionneurs.
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