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les bijoux Art Déco en vogue sur le marché des enchères

Géométriques, audacieux et colorés les bijoux de la période Art déco sont aujourd’hui très recherchés. Leur esthétisme a conquis un public adepte des ventes aux enchères. Crées par des maitres joailliers avant-gardistes, ils sont originaux, aux lignes droites, aux volumes équilibrés, parfois imposants et avec des pierres de couleur de très belle qualité. Cette sobriété dans les contours est le raffinement absolu. Le bijou Art Déco a un esthétisme bien à lui, il est reconnaissable.

Mais d’où vient cette appellation ?

Le terme Art déco apparaît au tournant du XXᵉ siècle, vers 1910, comme une abréviation des Arts décoratifs. Il ne désigne pas encore un style. C’est dans l’entre-deux-guerres, au fil des années 1920 et 1930, que cette expression s’impose pour qualifier un mouvement profondément ancré dans son époque. Deux expositions internationales vont sceller son identité : celle des Arts décoratifs et industriels modernes en 1925, puis celle des Arts et techniques dans la vie moderne en 1937, toutes deux à Paris.

Un contexte historique

Le contexte historique qui marque le début de la période Art Déco est la guerre de 1914-1918. Plus longue et plus meurtrière qu’on ne l’avait imaginée, la Première Guerre Mondiale redessine les équilibres sociaux. elle conduit les femmes à travailler pour maintenir l’économie du pays, faire fonctionner les usines d'armement, prendre les emplois laisser vacants par les hommes partis à la guerre. La mobilisation des femmes dans les usines participe au renouvellement du militantisme ouvrier.

Accédant à plus d’autonomie, les femmes s’émancipent. C’est d’ailleurs au sortir de la guerre que le phénomène des “garçonnes” ou “flappers” apparaît. Ces femmes, affranchies des codes traditionnels, bousculent par leur allure et leur mode de vie. Elles coupent leurs cheveux courts, dévoilent leurs jambes, fument, dansent le charleston, écoutent le jazz venu d’Amérique et prennent le volant comme symbole d’émancipation.

De nombreux pays accordent progressivement le droit de vote aux femmes, notamment le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Autriche ou la Hongrie dès 1918. Toutefois, contrairement à leurs voisines, ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que les Françaises obtiendront le droit de vote...

Le monde artistique en effervescence

Le monde artistique est lui aussi en pleine effervescence, on ose, on crée, on sort des sentiers battus. De nouveaux courants artistiques émergent. La génération de bijoutiers de cette époque est aussi tournée vers l’avenir et s’inspire de ces courants artistiques.

Le cubisme, mouvement artistique porté par Pablo Picasso, Georges Braques et Fernand Leger met en avant les formes géométriques simples. Cercles, triangles, rectangles se déclinent à l’infini, dessinant des compositions d’une rigueur élégante ou chaque forme répond à une logique d’équilibre et de symétrie. Fini les motifs floraux, les courbes du style Art nouveau, place au style épuré, aux couleurs et au mélange de matériaux.

L’or jaune est remplacé par l’or blanc, le platine, l’argent, le métal nickelé. Les gemmes, elles aussi, participent à cette recherche d’ordre et de précision : taillées en calibrés, trapèzes ou baguettes, elles s’ajustent parfaitement les unes aux autres. Enfin, les pierres fines comme l’améthyste, la topaze ou la citrine, moins coûteuses, se font la part belle.

Les bijoux de la période Art déco sont-ils recherchés ?

Sur le marché de la joaillerie aux enchères, l’Art Déco est l’une des époques les plus recherchées, car les pièces sont spectaculaires et souvent très bien travaillées. Les créations de Cartier, par exemple, de cette époque sont de véritables trésors. En 2017, la maison Osenat a obtenu une adjudication de 636 800 euros pour un bracelet Cartier en diamants et saphirs.

Cette génération impose un style, innove et réalise des prouesses techniques. Le bijou n’imite plus la nature, il la stylise, la simplifie, la structure. Grâce aux progrès techniques les bijoutiers s’emparent de nouveaux matériaux, des plus nobles aux plus ordinaires pour inventer un nouveau bijou à la fois architectural, lumineux et résolument contemporain. Ces caractéristiques deviennent les nouvelles signatures du luxe joaillier !

Les grands joailliers de la période Art déco ont fait l’objet d’une exposition en 2009 au musée des arts décoratifs à Paris. Ces artistes s’illustrent tous par la modernité de leurs créations.

Qui sont les joalliers Art Déco ?

Les bijoux de l’artiste Jean Desprès (1889-1980) sont remarquables par leur originalité ; on y reconnaît les bijoux moteurs des années 30 inspirés par l’esthétique industrielle, les bijoux-glaces en argent et verre conçus entre 1929 et 1934, les bijoux céramiques réalisés en 1937. Un bracelet articulé en argent composé de plaques illustrées de personnages mythologiques a été adjugé 61 250 euros chez Ivoire Angers en mai 2024.

Le bijoutier Jean Dunand (1877-1942) a quant à lui marqué cette époque avec ses colliers « girafe » ses bracelets manchettes inspirés de l’art africain et qui furent portés par la chanteuse Joséphine Baker.

Trois autres créateurs, Gérard Sandoz (1902-1995), Jean Fouquet (1899-1984) et Raymond Templier (1891-1968) ont acquis une notoriété en créant pour leur maison des modèles uniques aux lignes structurées. Raymond Templier est surnommé « l’architecte du bijou ». Ses créations sont le résultat de recherche dans le choix des matières, des formes. Il sait jouer des oppositions entre le noir et blanc, entre le mat et le brillant, entre l’ombre et la lumière.

Les grands noms féminins de l’époque

Les femmes, aussi, ont été des créatrices de bijoux art déco ! Jeanne Boivin (1871 - 1959) qui à la mort de son mari reprend l’atelier et laisse libre cours à son imagination et crée des bijoux intemporels comme le « bracelet tranche » réalisé en bois et métal chromé ou bien des bagues et des bracelets taillées dans la pierre dure ou des bijoux d’inspiration maritime.

Suzanne Belperron (1900 - 1983) fait partie de l’élite des artistes joailliers de l’époque. Son style est audacieux car il mêle les pierres précieuses et fines comme le cristal de roche, la calcédoine ou le quartz fumé. Ses créations attirent notamment le monde de la mode comme les créatrices de haute-couture, Mesdames Coco Chanel ou Elsa Schiaparelli. Parmi ses clients on compte la famille Rothschild, Joséphine Baker, Colette et La duchesse de Windsor.

Une paire de clips d’oreille dessinée par Suzanne Belperron pour René Boivin est adjugée 60 680 euros chez Boisgirard Antonini en avril 2023 et 852 000 dollars pour un bracelet Tube de 1948, chez Christie's en 2018.

Quelles sont les maisons ?

Parmi les grands noms de la joaillerie de cette époque, nous retrouvons les grandes maisons telles que Cartier, Boucheron et aussi Van Cleef et Arpels . Cette dernière se distingue avec l’invention du célèbre serti mystérieux en 1933, une prouesse technique permettant de fixer les pierres sans griffes ni métal apparent, créant l’illusion d’une surface continue.

Quand les artistes s’emparent du bijou Art Déco

L’élan créatif de l’époque dépasse les frontières de la joaillerie traditionnelle. L’Art déco attire à lui des artistes venus d’horizons variés, désireux d’explorer ce territoire où l’art rencontre la matière précieuse. Le peintre André Léveillé en est un exemple emblématique : il participe à l’Exposition internationale des Arts décoratifs de 1925 en dessinant des bijoux pour le célèbre joaillier Georges Fouquet. L’affichiste Cassandre, maître du graphisme moderne, transpose quant à lui son sens de la couleur et du rythme dans des pendentifs et bracelets multicolores. Le sculpteur Jean Lambert-Rucki, enfin, collabore avec Jean Dunand pour créer des pièces d’exception en laque de Chine.

Les bijoux Art déco jouent sur les contrastes, les équilibres pour lui donner son caractère unique. Ce sont des bracelets manchettes, des bagues, des colliers, des broches imposantes, de véritables œuvres d’art qui explique un tel regain d’intérêt pour ces bijoux depuis quelques années.

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