Histoire des cartes Pokémon

L’histoire des cartes Pokémon est indissociable de celle de la licence. Né en 1996 avec les premiers jeux vidéo sur Game Boy, le phénomène s’est rapidement élargi avec la sortie du Jeu de Cartes à Collectionner Pokémon (JCC), qui deviendra le pilier de la franchise.

Depuis les cartes Topsun, avant même les « No Rarity » du premier set de base japonais, jusqu’aux éditions actuelles, les cartes Pokémon connaissent depuis 1995 une évolution constante.

L’histoire de la licence Pokémon est marquée évidemment par Satoshi Tajiri, son créateur, mais aussi par la diffusion des cartes sur le marché international par Wizards of the Coast (WotC). Dans cet article, nous retraçons les grandes étapes de l’origine et de l’évolution des cartes Pokémon jusqu’à aujourd’hui !

Les origines des cartes Pokémon

Qui est Satoshi Tajiri ?

Né le 28 août 1965, Satoshi Tajiri grandit dans la banlieue de Tokyo où il développe très tôt une passion pour les insectes. Fasciné par leur comportement et leur interaction avec la nature, il passe des heures à les observer, les capturer puis les entrainer méthodiquement (courses de criquets à l’école). 

Ses camarades le surnomment alors affectueusement « Dr. Bug ». Cette passion va plus loin : Satoshi organise de véritables échanges d’insectes avec ses amis, préfigurant déjà l’esprit de collection et de partage qui marquera plus tard l’univers Pokémon.

Adolescent des années 80, Satoshi Tajiri devient un grand habitué des salles d’arcade, où il observe et étudie avec la même minutie que les insectes le fonctionnement des jeux vidéo. Sa curiosité le poussera à démonter sa Famicom (la console de salon de Nintendo), et à 16 ans il gagne un concours de création de jeu vidéo organisé par Sega. Au fil de ses explorations, le jeune Tajiri se forge une connaissance pointue de cet univers.

La création de Game Freak

Cette fascination pour le fonctionnement et la création des jeux ne tarde pas à se transformer en une envie de partage. En 1982, il lance ainsi Game Freak, un fanzine dédié aux astuces et stratégies vidéoludiques, bientôt reconnu par les passionnés japonais.

L’illustrateur Ken Sugimori (né le 27 janvier 1966) le rejoint rapidement dans cette aventure. Ensemble, ils transforment leur revue en un véritable studio de développement, fondé en 1989 sous le même nom : Game Freak. Leur premier projet, Quinty (Mendel Palace aux USA) est édité par Namco au Japon. Plusieurs jeux suivent pour les sociétés Nintendo ou Sega. Dès les débuts de la société, il coopère avec le compositeur principal Junichi Masuda.

Histoire des cartes Pokémon - Game Freak - Fanzine et société de Satoshi Tajiri
Game Freak - Fanzine et (logo de la) société créés par Satoshi Tajiri

La naissance de l'univers Pokémon

En 1989, nous l’avons vu, Satoshi Tajiri franchit une nouvelle étape en fondant officiellement la société Game Freak aux côtés de son ami et illustrateur Ken Sugimori

L’année suivante, les premières ébauches d’un projet baptisé alors Capsule Monsters voient le jour. Parmi les croquis originels apparaissent déjà des créatures appelées à devenir emblématiques dans le futur univers Pokémon. Rhinoféros (Rhydon) est considéré comme le tout premier Pokémon créé (on retrouve d’ailleurs des statues à son effigie dans les premiers jeux vidéo pour souligner sa dimension historique).

Nidorino et Ectoplasma (Gengar), font parti également de la genèse, et leur affrontement sera immortalisé dans la séquence d’ouverture de Pokémon Rouge. Les premières esquisses ci-dessous marquent donc le point de départ de l’univers Pokémon.

Premières ébauches d’un projet baptisé alors Capsule Monsters
Nidorino et Ectoplasma (Gengar) dans l'introduction du jeu Pokémon rouge
Nidorino et Ectoplasma (Gengar), dont l’affrontement sera immortalisé dans la séquence d’ouverture de Pokémon Rouge

La Game Boy et son câble Link

Mise en vente au Japon le 21 avril 1989, Nintendo commercialise la Game Boy, console portable qui marquera toute une génération. Deux ans plus tard, Tajiri découvre l’existence du câble Link, un accessoire permettant de connecter deux consoles entre elles…

Game Boy Link

Cette innovation l’inspire : pourquoi ne pas imaginer des créatures virtuelles que l’on pourrait échanger, collectionner et faire combattre ? Un concept qui résonne avec sa propre enfance, et les ébauches du projet Capsule Monsters. Cette idée bien que novatrice est puisée également du RPG « The Final Fantasy Legend », qui lui dicte que la Game Boy peut accueillir bien plus que de simples jeux d’action.

Fort de sa conviction, Game Freak soumet son concept à Nintendo. Conscient du caractère atypique du projet, Satoshi s’attend à un refus. Pourtant, la firme accepte, davantage séduite par la réputation et la rigueur de Tajiri que par l’idée en elle-même, encore difficile à saisir. Le développement du jeu prendra presque six ans, pendant lesquels Game Freak connaît d’importantes difficultés financières : Tajiri renonce temporairement à son salaire et cinq de ses salariés démissionnent.

Shigeru Miyamoto, créateur de Super Mario et The Legend of Zelda, est pourtant convaincu du potentiel du jeune développeur, et devient son mentor. Miyamoto suggère même une stratégie inédite : créer plusieurs versions du jeu avec des Pokémon différents dans chacune, incitant les joueurs à l’échange et renforçant ainsi la dimension communautaire. 

Ce conseil donnera naissance aux deux premiers volets de la saga : Pokémon Rouge et Pokémon Vert, sortis le 27 février 1996 au Japon. Le nom Pokémon est issu de la contraction du nom japonais de la franchise ポケットモンスター (Poketto monsutā) qui est une transcription phonétique de l’anglais « Pocket Monsters ».

Histoire des cartes Pokémon - Shigeru Miyamoto suggère une stratégie inédite : créer plusieurs versions du jeu avec des Pokémon différents dans chacune, incitant les joueurs à l’échange et renforçant ainsi la dimension communautaire
Shigeru Miyamoto suggère une stratégie inédite : créer plusieurs versions du jeu avec des Pokémon différents dans chacune, incitant les joueurs à l’échange et renforçant ainsi la dimension communautaire

Une sortie discrète puis Mew

Lorsque Pokémon Rouge et Pokémon Vert sortent au Japon en février 1996, le succès n’est pas immédiat. Éclipsé par les dernières grandes sorties comme la Super Nintendo et par l’arrivée de Resident Evil, le démarrage se révèle poussif. Mais le bouche-à-oreille va rapidement changer la donne.

Comment ? Un programmeur de Game Freak, Shigeki Morimoto, avait introduit dans le code du jeu un 151e Pokémon, baptisé Mew, ajouté à la toute fin de la phase de débogage. Tajiri révèle son existence au public quelques mois après la sortie des deux jeux. Inaccessible par les moyens traditionnels, ce Pokémon secret devient rapidement une légende. 

Pour capitaliser sur cet engouement, le magazine CoroCoro Comic organise en avril 1996 un concours intitulé « Offre du Pokémon légendaire ». Les vingt vainqueurs se voient remettre un exemplaire de Mew. L’événement attire pas moins de 78 000 participants et alimente le mythe d’un Pokémon caché. Cette stratégie renforce le caractère communautaire du jeu et incite les échanges.

Dès lors, les ventes des deux jeux vidéos explosent. Pokémon Rouge et Vert dominent le marché japonais pendant un an et demi, un record inédit. La sortie de la version Bleue contribue à amplifier le phénomène : les trois éditions réunies franchissent le seuil symbolique des 10 millions d’exemplaires vendus au Japon. Pendant plus de vingt-cinq ans, elles demeureront le jeu le plus vendu du pays, avant d’être détrônées en 2022 par Animal Crossing : New Horizons.

Shigeki Morimoto - Mew - Histoire des cartes Pokémon
Shigeki Morimoto - Mew

et des records...

Le succès ne se limite pas au Japon. En Amérique du Nord, Pokémon Rouge et Pokémon Bleu atteignent 11,27 millions de ventes, tandis qu’en Europe, elles s’écoulent à 8,89 millions d’exemplaires. À l’échelle mondiale, le trio de versions dépasse les 31 millions d’unités vendues, un exploit qui leur permet d’entrer dans le Livre Guinness des records en 2009 comme « meilleur RPG de la Game Boy » et « RPG le plus vendu de tous les temps ».

Bien qu’ils aient été depuis dépassés par des titres tels que Wii Sports (2006), Mario Kart Wii (2008) ou encore Wii Sports Resort (2009), les premiers jeux Pokémon conservent une aura particulière : celle d’avoir transformé une idée audacieuse en un phénomène mondial, marquant à jamais l’histoire du jeu vidéo.

La naissance des cartes Pokémon

Face au succès des premiers jeux vidéo Pocket Monsters Vert et Pocket Monsters Rouge, un jeu de cartes à collectionner est l’un des premiers produits dérivés envisagés par Nintendo. Les cartes commencent à paraître en octobre 1996, huit mois après le lancement des jeux, uniquement au Japon. Ces cartes sont publiées par Media Factory.

Deux ans après la sortie des jeux vidéo originaux, en 1998, Pokémon USA, filiale de Nintendo, franchit une nouvelle étape décisive : un accord est signé avec Wizards of the Coast (WotC), déjà connu pour avoir révolutionné le jeu de cartes avec Magic: The Gathering. L’éditeur américain obtient alors les droits de fabrication et de distribution du Pokémon Trading Card Game (TCG). Rapidement, les cartes Pokémon conquièrent de nouveaux territoires : les États-Unis, l’Europe, l’Australie, la Chine, et bien d’autres pays comme la France. L’engouement est planétaire.

Le lancement se fait avec l’extension Set de Base au travers de trois boosters, d’un jeu de découverte, et de quatre decks à thème : Zap!, Blackout, Fournaise et Grandissimo. Le jeu de cartes à collectionner Pokémon (JCC), est souvent désigné sous son nom anglais Pokémon Trading card game (TCG).

Le lancement se fait avec l'extension Set de Base au travers de trois boosters, d'un jeu de découverte, et de quatre decks à thème : Zap!, Blackout, Fournaise et Grandissimo.

La rupture avec Wizards of the Coast

Pourtant, au début des années 2000, les relations se tendent. En 2002, plusieurs cadres et employés de Wizards quittent l’entreprise pour rejoindre Pokémon USA, désormais bien décidé à se passer des services de son partenaire historique.

Wizards dénoncera que son ancien client a récupéré des procédés internes, des technologies brevetées et n’a pas renouvelé son contrat d’édition *. L’éditeur emmènera d’ailleurs Nintendo et consorts jusqu’au procès. La preuve ultime selon WotC du transfert de ces compétences : la sortie, à peine un mois après la dernière série qu’ils éditeront (Skyridge, en mai 2003), de la nouvelle extension EX Rubis & Saphir, cette fois produite seule par Pokémon USA/Nintendo.

Dans cette guerre commerciale, Wizards subit un revers supplémentaire : Pokémon USA refuse de commercialiser deux séries pourtant finalisées — Jamboree et Legendary Collection 2 — qui ne verront jamais le jour.

En 2003, The Pokémon Company (fusion de Pokémon USA avec Pokémon UK) reprend intégralement la main, refermant ainsi le chapitre Wizards of the Coast. Le litige juridique subséquent avec WotC se conclut par un accord en décembre 2003. En France, la distribution des cartes est désormais assurée par Asmodée.

* Wizards of the Coast (WotC) demeura l’éditeur exclusif du Pokémon Trading Card Game (TCG) jusqu’en 2003. Le 30 septembre 2003, le dernier accord liant la société américaine à Pokémon USA – aujourd’hui The Pokémon Company International – arriva officiellement à son terme. Dès le lendemain, la filiale de Nintendo prit le relais et lança la production d’une nouvelle édition, assurant ainsi la continuité du jeu de cartes sans interruption.

Le déclenchement du litige

Cette transition éclair provoqua la colère de Wizards. Le 1er octobre 2003, l’entreprise porta plainte contre Nintendo, Pokémon USA et The Pokémon Company. Elle les accusa de rupture de contrat, de vol de secrets industriels et de violation de brevets. Pour Wizards, le timing de la sortie et l’utilisation supposée de procédés techniques développés en interne laissaient peu de doute sur une concurrence jugée déloyale.

Un règlement discret

L’affaire ne s’éternisa pourtant pas. Dès décembre 2003, les deux parties annonçaient avoir trouvé un accord à l’amiable, sans passer par une audience publique. Les termes de ce règlement restèrent confidentiels, mais permirent à Nintendo et à sa filiale de poursuivre sereinement l’édition et la distribution du TCG, marquant ainsi la fin définitive de l’ère Wizards of the Coast.

Pokémon - WotC - La série Skyridge a été lancée aux États-Unis le 12 mai 2003. Elle comprend un total de 182 cartes.
Pokémon - WotC - La série Skyridge a été lancée aux États-Unis le 12 mai 2003. Elle comprend un total de 182 cartes.

Les cartes Pokémon et la spéculation !

Au-delà des erreurs d’impression avérées, l’univers des premières cartes Pokémon est aussi traversé par des zones d’ombre et de vives controverses. Certaines anecdotes, relayées depuis plus de vingt ans, tiennent autant de la légende que du fait historique, et divisent toujours la communauté des collectionneurs.

Le cas le plus emblématique reste celui du « Prerelease Raichu ». Selon l’histoire, quelques rares exemplaires de Raichu auraient reçu par accident le tampon « Prerelease », réservé aux cartes distribuées en avant-première des tournois. Wizards of the Coast, éditeur du jeu en Occident jusqu’en 2003, n’a jamais confirmé officiellement cette bévue. Pourtant, plusieurs collectionneurs affirment détenir ces pièces « fantômes », qui s’échangent à prix d’or lorsqu’elles apparaissent sur le marché. Mais faute de documentation officielle, le débat reste entier : véritable erreur d’impression ou habile manipulation de certains employés de l’époque ?

Autre sujet de discorde : d’un côté, les puristes rappellent que les toutes premières cartes apparues au Japon en 1996 — les fameuses « No Rarity *», constituent la véritable genèse du TCG. Ces cartes, introuvables ou presque, représentent selon eux l’authentique « première pierre » de l’édifice Pokémon.

De l’autre, une large partie de la communauté occidentale considère que la véritable naissance du phénomène se joue trois ans plus tard, en 1999, avec la sortie du « Base Set 1st Edition » aux États-Unis par WotC, premier tirage commercialisé à grande échelle en dehors du Japon et avec aussi son lot d’erreurs d’impression ou de conception.

*Au Japon, les toutes premières cartes Pokémon imprimées en 1996 sont connues sous le nom de « No Rarity ». Elles se distinguent par l’absence du symbole d’édition concernant la rareté de la carte (★) habituellement présent en bas à droite de l’illustration.

Enfin, les collectionneurs s’interrogent sur la gestion des quantités imprimées lors des premières vagues de production. Combien d’exemplaires exacts des cartes « No Rarity » furent réellement mis en circulation ? Quelle fut la proportion des 1st Edition par rapport aux éditions illimitées qui suivirent ? Les réponses restent floues, tant les archives officielles sont lacunaires ou gardées confidentielles par Nintendo et ses partenaires. Cette absence de transparence nourrit une forme de mythologie.

Ces zones d’ombre, loin de freiner l’intérêt, l’ont décuplé. Depuis les années 2010, avec la professionnalisation du marché et l’arrivée de spéculateurs, les prix des premières cartes Pokémon se sont envolés.

Mais c’est durant le confinement mondial en 2020, qu’un véritable raz-de-marée s’est abattu sur le marché des cartes Pokémon : des adultes Millénials ont soudain dépoussiéré leurs anciennes collections. Les cartes ont explosé en popularité, notamment grâce aux vidéos d’ouverture de boosters massivement diffusées sur YouTube — une tendance soulignée par Business Insider, qui note « un véritable engouement durant l’année 2020, alimenté par la nostalgie, la pandémie et l’influence des créateurs de contenu ».

Chez TCGplayer, par exemple, la vente des cartes cotées à plus de 50 $ a bondi de 466 % sur cette seule année. Simultanément, les ventes sur eBay entre juillet et octobre 2020 ont augmenté de 123 % comparé à la même période un an plus tôt.

On note qu’à partir de la série Célébration, marquant les 25 ans de Pokémon, puis avec la série Poing de Fusion (Epée & Bouclier 8), la frénésie s’est encore intensifiée. Les clients se ruaient en magasin pour vider les rayons, mais la production ne suivait pas (volontairement ?), ce qui a provoqué des ruptures de stock prolongées et un emballement des prix.

Les ventes parfois spectaculaires  de certaines cartes placent désormais Pokémon aux côtés de Magic: The Gathering, l’autre géant du TCG. Mais à la différence de Magic, dont les premiers tirages sont documentés avec rigueur par Wizards of the Coast, Pokémon entretient une part d’ombre qui accentue encore l’aura de ses cartes les plus anciennes.

Pastor Maison de Ventes aux Enchères - Estimations gratuites
Jouets

L’histoire de Lego

L’histoire de Lego Aujourd’hui, dans le secteur du jouet et du divertissement, aux côtés de noms comme Barbie ou Monopoly, tout le monde connaît LEGO. Deux incendies, la mort de son épouse, la Grande Dépression, puis la Seconde Guerre mondiale

Lire la suite »
Pastor Maison de Ventes aux Enchères - Estimations gratuites
Collections

Comment estimer ses cartes Magic ?

Tout savoir sur la rareté et l’estimation d’une carte Magic Magic : The Gathering est un jeu de cartes à collectionner imaginé par Richard Garfield en 1993. Depuis, comme pour les cartes Pokémon, s’est développé un véritable marché mondial, où

Lire la suite »
Pastor Maison de Ventes aux Enchères - Estimations gratuites
Collections

Automobilia aux enchères

Automobilia Qu'est-ce que l'Automobilia ? L’Automobilia représente une spécialité qui demeure largement méconnue du grand public. Contrairement à d’autres domaines clairement identifiés, tels que ceux habituellement présentés par la maison de vente Pastor, cette spécialité est fréquemment assimilée, à tort,

Lire la suite »

Estimation Gratuite

Nous vous invitons à remplir ce formulaire. Votre estimation, par nos commissaires-priseurs est gratuite et sans engagement.