Automobilia
Qu'est-ce que l'Automobilia ?
L’Automobilia représente une spécialité qui demeure largement méconnue du grand public. Contrairement à d’autres domaines clairement identifiés, tels que ceux habituellement présentés par la maison de vente Pastor, cette spécialité est fréquemment assimilée, à tort, à une vente de voitures automobiles. Pourtant, la réalité de l’Automobilia va bien au-delà de cette interprétation erronée et réductrice.
Sous ce terme générique et latinisant, amateurs et professionnels désignent toute une famille d’objets ayant trait à l’automobile et à son histoire. Qui dit objets dit collection, qu’ils soient d’art ou humblement utilitaires.
Du pire au meilleur, voyons ce que beaucoup de passion et un peu de raison peuvent vous offrir… ou vous coûter !
Quels sont les objets Automobilia à collectionner ?
Affiches, plaques émaillées, mascottes de radiateur, catalogues, peintures, lithographies, sculptures, bijoux, cartes postales, jouets, maquettes, miniatures, plaques de rallye, combinaisons ou casques de pilotes, éléments de F1, accessoires, voici quelques exemples de la multitude de thèmes qui s’offrent à l’amateur d'Automobilia.
Quels sont les besoins pour collectionner de l'Automobilia ?
Trois fois rien : goût, instinct, méthode, constance, intelligence, vigilance, rigueur, cohérence, modestie, tact, sens de la compétition, quelques connaissances, de la chance et un peu d’argent. Ne vous effrayez pas : les proportions du mélange peuvent être infiniment variables, seul le bon sens reste la qualité indispensable et nécessaire.
Partant de là à vous de jouer en fonction de vos dons ou de vos buts : vous faire plaisir, investir ou faire des coups. La plupart du temps le collectionneur n’agit pas par pur intérêt. C’est la meilleure façon de se « planter ». Ces objets inanimés n’ont pas qu’une âme, ils savent aussi se venger.
On commence par quoi ?
Les sujets sont multiples et variés. L’un des plus riches, des plus amusants et des plus décoratifs est celui qui peuple la grande tribu des mascottes ornant les bouchons de radiateur, cousine des porte-bonheur, amulettes et gris-gris, elle était le bijou de l’auto et le reflet de la personnalité de son propriétaire.
Mais attention de ne pas acheter un ornement de pendule ou de serre-livre en métal composé nickelé, faussement monté sur un bouchon de radiateur, voire de moyeu. En règle générale ces statuettes sont en bronze, nickelées ou chromées, patinées par l’usage suite à leurs démontages fréquents et solidement fixées sur le bouchon lui-même (pensez à l’état des routes et aux suspensions d’époque).
Les prix atteints en vente publique par certains sujets présumés rarissimes ont, bien entendu, fait naitre une industrie du faux. Attention, soyez vigilants et n'hésitez pas à demander une estimation gratuite ou une expertise à nos commissaires-priseurs et experts Pastor Maison de Ventes.
Les mascottes automobilies Lalique
Catégorie à part, les mascottes de Lalique, témoins de la période Art Déco et de son luxe ostentatoire et décomplexé. Le maître verrier René Lalique créa une série d’objets en verre moulé et pressé à sujets allégoriques ou animaliers tantôt spécifiquement destinés à orner une voiture, tantôt presse papiers ou serre livres. Rares furent ceux créés avec du verre de couleur, bleu ou violet.
La plus-value de ces derniers par rapport aux translucides incita des faussaires à en colorer d’authentiques dans la masse, heureusement reconnaissables à leur teinte grise fort éloignée des colorations vives d’origine. Nous reviendrons dans un prochain article sur ces mascottes qui ont fait l’objet de tant d’ouvrages spécialisés, preuve s’il en est de l’intérêt que leur portent les collectionneurs.
Un autre thème suscite les passions : les affiches
L’affiche a bénéficié à la fin du siècle dernier de nouvelles techniques d’impression en couleurs qui ont privilégié l’illustration par rapport à la lettre qui régnait auparavant. Cette forme de communication nouvelle a été immédiatement adoptée par les constructeurs ou équipementiers pour vanter la qualité de leurs fabrications. Cela permit l’apparition de magnifiques images souvent signées de grands noms.
Elles étaient malheureusement éphémères et fragiles et collectionnées depuis longtemps, d’où leur rareté actuelle et la valeur qui s’ensuit. Dans ce domaine les thèmes sont multiples : marques, accessoires, carburants, pneumatiques, épreuves sportives se partagent les faveurs des amateurs souvent généralistes en ce qui concerne la locomotion. S’y reflètent bien entendu les grandes tendances artistiques de l’époque quand elles ne furent pas tout bonnement anticipées par des artistes jeunes et sans complexes. dont les générations futures salueront la créativité.
Après le dessin vint la photo qui prit le relais avec ses qualités propres, imposant une précieuse réalité documentaire.
Quelles sont les précautions à apporter aux affiches Automobilia ?
Infiniment variée, l’affiche pose nombre de problèmes au collectionneur. Fragile, parfois légèrement détériorée, elle craint les manipulations répétées et demande beaucoup de précautions sinon des protections spéciales : entoilage, encadrement, mise sous verre, qui augmentent l’investissement. Contrairement à l’objet de vitrine facile à exposer, elle occupe une place conséquente.
La solution : affiner le thème et savoir se limiter, privilégier les affiches d’intérieur généralement en 60 x 40 cm. Le cas par exemple de celles des 24 Heures du Mans, de rallyes ou de courses sur circuits. A noter que l’incontournable mention des sponsors qui finançaient ces affiches et l’évènement lui même disparut en 1991 avec la loi Evin.
Affiches Automoblia : attention aux faux !
A l’instar des mascottes, l’engouement pour les affiches et leur prix croissant a généré des faux, tant il est facile de reproduire ce qui a déjà été multiplié. Nous disons bien « faux » et non pas reproductions dûment identifiées comme telles par une mention particulière ou un format différent de l’original comme le fait par exemple l’ ACO pour celles du Mans ou l’Automobile Club de Monaco pour le Rallye de Monte Carlo ou ses Grands Prix. Le faux lui est fabriqué dans l’intention de tromper l’acquéreur, il présente tous les aspects de l’original et bien entendu s’aligne sur ses prix.
Automobilia et les plaques émaillées
Plus près de nous l’intérêt s’est porté sur les plaques émaillées, objet multicollections qui eut son heure de gloire de la fin du XIX° jusqu’aux années 50. Il fut utilisé tant par les marques d’automobiles que par les accessoiristes. Fragile, il se trouve rarement sans éclats de l’émail qui entrainent la rouille du support métallique. Sa valeur est déterminée par son thème et son état bien sûr mais aussi par d’autres critères : Est il bombé ? double face ? d’une marque automobile ? comporte t’il un dessin en plus du lettrage ? est il d’une taille importante ?
Là aussi leur côte élevée a conduit les faussaires à en produire des imitations parfois difficilement identifiables mais elles sont généralement de petite taille et parfois les accidents et leur rouille sont reproduits avec l’émail lui-même !
Des objets liés à la F1 !
Autre pôle d’intérêt relativement récent : La F1 et ce qui lui est lié : Casque d’Ayrton Senna (combien en a-t-il signés sur la visière ?) combinaisons de pilotes (à ne pas laver svp)... Eléments de F1, carrosserie ou moteur (Un chef d’écurie de F1 débitait en pièces détachées les moteurs cassés avant de finir par vendre le bloc nu comme élégante table basse).
Multiples...
Mascottes, affiches, plaques, souvenirs de F1, si grande soit leur qualité demeurent néanmoins des « multiples », œuvres reproduites en un grand nombre d’exemplaires par des procédés industriels. Il en est de même pour un grand nombre des objets qui nous intéressent : Accessoires, plaques émaillées, catalogues, lithographies, cartes postales, badges ou encore jouets, miniatures, objets publicitaires etc…
Et originaux !
La séduction de l’original est d’un autre ordre. L’amateur appréciera le caractère unique et encore vivant de l’œuvre, la patte de l’artiste, sa touche , sa technique, voire ses hésitations ou imperfections : croquis, dessin, peinture, projets d’affiche ou de carrosserie, maquettes ou plans. Valeurs sures on y retrouve les signatures des maîtres de l’illustration et de l’affiche mais l’amateur ne saurait être passéiste et il s’intéressera tout naturellement à nos contemporains peintres et illustrateurs, ceux là même qui animent la galerie des artistes lors du salon Rétromobile.
La sculpture et l'Automobilia
Au chapitre des originaux, n’oublions pas la sculpture, bien qu’en cette difficile expression le choix soit plus réduit. Parmi les grands anciens, nous retrouvons des noms associés aux plus belles mascottes : Guiraud Rivière, De Soete, F. Bazin, G. Colin. C. Sykes. L’entre deux guerres propose parcimonieusement des œuvres plus « dépouillées », marquées par l’héritage du cubisme, du constructivisme et du futurisme, signées des frères Martel ou de Gustave Miklos.
La période contemporaine peu favorable à cette discipline retient les noms de Zurini, Dufilho, Leprince, Martin, Serassio ou Moitrier qui par des voies différentes préfèrent traduire en volume leur approche de l’automobile.
Une scupture originale, c'est quoi ?
Petite préçision pratique : Une œuvre est considérée comme une sculpture originale lorsqu’elle est produite au plus à huit exemplaires numérotés plus quatre épreuves d’artiste. Cette loi ne s’applique qu’aux œuvres d’origine française qui doivent donc comporter la signature de l’artiste, le numéro du tirage et le cachet du fondeur.
Collectionner de l'Automobilia - derniers conseils pour conclure !
Il reste beaucoup à dire sur d’autres thèmes de cette collection aussi distrayante que passionnante. Si elle vous tente à juste raison, suivez les ventes aux enchères !
Apprenez à distinguer une lithographie d’une estampe, un original d’un pochoir, un tableau ancien d’une copie faite à Taiwan, refusez les Bibendum ou les Madame Esso en résine, ne vous laissez pas abuser par la réédition maquillée du guide Michelin 1900 ou les catalogues La Buire ou Renault réédités par Adrien Maeght et dont on aurait arraché la page cristal le précisant.
Article écrit par :
Gérard Prévôt, expert auprès de Messieurs les commissaires-priseurs
Jean Pierre Dauliac, ancien rédacteur en chef du Fanatique de l’Automobile
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